OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le souci des geeks (avec la politique) http://owni.fr/2012/06/12/le-souci-des-geeks-avec-la-politique/ http://owni.fr/2012/06/12/le-souci-des-geeks-avec-la-politique/#comments Tue, 12 Jun 2012 10:02:44 +0000 Xavier de la Porte http://owni.fr/?p=113037 France Culture, Xavier de la Porte s'est fendu de la traduction d'un billet récent de Cory Doctorow, activiste, auteur de science-fiction et co-éditeur du site Boing Boing. Publié initialement sur The Guardian puis sur Internet Actu pour la version française, nous rééditons cette réflexion politique et philosophique sur la place des "geeks" dans la marche du monde.]]>

Richard Stallman (aka RMS) - Photo CC Andrew Becraft

Depuis le début des guerres de l’information, les gens soucieux de liberté et de technologie ont dû naviguer entre deux écueils idéologiques : le déterminisme geek et le fatalisme geek. Deux écueils aussi dangereux l’un que l’autre.

Déterminisme

“Le déterminisme geek consiste à mépriser toute mesure politique dangereuse et bête, toute tentative de régulation abrupte, sous prétexte qu’elle est technologiquement irréalisable. Les geeks qui s’inquiètent du respect de la vie privée méprisent les lois sur l’écoute électronique, les normes facilitant l’écoute légale, et la surveillance des réseaux sous prétexte qu’eux, ils peuvent échapper à cette surveillance.”

“Par exemple, en Europe ou aux États-Unis, la police exige que les exploitants de réseaux insèrent des “portes dérobées” en cas d’enquêtes criminelles. Les geeks en rigolent, arguant que c’est complètement inutile pour les petits malins qui ont recours à la cryptographie pour leurs échanges de mail ou leur navigation sur le web. Mais, s’il est vrai que les geeks peuvent contourner ce type de mesures – et toute autre initiative néfaste de censure, de blocage des outils, etc. -, cela ne suffit pas à nous protéger nous, sans parler du reste du monde.”

“Peu importe que vos échanges mails soient sécurisés si 95 % des gens avec lesquels vous correspondez utilisent un service mail qui comporte une porte dérobée pour l’interception légale, et si aucun des gens avec lesquels vous correspondez ne sait utiliser la cryptographie ; dans ces cas-là, vos mails pourront être lus comme les autres.”

“Au-delà de ça, les choses illégales n’attirent pas l’investissement. En Angleterre, où il est légal de déverrouiller son téléphone portable, il y a partout des magasins où on peut faire déverrouiller son combiné. Quand c’était illégal aux États-Unis (aujourd’hui c’est quasi légal), seuls les gens capables de suivre des instructions compliqués sur Internet pouvaient le faire. Sans outils faciles à manier, les bénéfices de la technologie ne reviennent qu’à ceux qui la maîtrisent. Si vous voulez un monde où seule une élite rafle tous les bénéfices de la technologie, vous êtes un technocrate, pas un geek.”

Bill Gates - Photo CC Andrew Becraft

Fatalisme

“Le fatalisme geek est l’équivalent cynique du déterminisme geek. Il consiste à considérer que la manière geek de faire les choses, – le fameux rough consensus and running code – et la préservation d’une pureté idéologique sont incompatibles avec les vieilles notions de délibération, de constitution et de politique. Car celles-ci sont de manière inhérente corrompues et corruptrices.”

“Il est vrai que la politique a une logique interne, et que ceux qui y participent ont tendance à adopter l’idée que la politique, c’est l’art du possible, et pas le lieu des idéaux. Mais il y a une vérité concernant la politique et la loi : même si vous n’y accordez pas d’intérêt, ça ne veut pas dire qu’elles ne s’intéressent pas à vous.”

“On peut construire des systèmes aussi intelligents et décentralisés que BitTorrent, des systèmes qui ont l’air de n’avoir aucune entité légale qui puisse être poursuivie, arrêtée ou encadrée légalement. Mais si vos inventions ébranlent suffisamment d’institutions ou de lobbies, la loi sera à leur trousse. Elle cherchera arbitrairement des coupables. Et là, la technologie ne pourra pas les sauver. La seule défense contre une attaque légale, c’est la loi. S’il n’existe pas de corps constitué à poursuivre, cela signifie qu’il n’y aura pas non plus de corps pour constituer une défense devant un tribunal.”

“Si les gens qui comprennent la technologie ne prennent pas position pour défendre les usages positifs de la technologie, si nous n’agissons pas à l’intérieur du champ traditionnel du pouvoir et de la politique, si nous ne prenons pas la parole au nom des droits de nos amis et de nos voisins moins qualifiés techniquement, nous aussi nous serons perdus. La technologie nous permet de nous organiser et de travailler différemment, elle nous permet aussi de construire de nouveaux genres d’institutions et de groupes, mais ils seront toujours insérés dans le monde, pas au-dessus de lui.”


Source : The problem with nerd politics.

Photo CC Andrew Becraft [by-nc-sa] et [by-nc-sa].

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How a handful of geeks defied the USSR http://owni.fr/2011/03/13/how-a-handful-of-geeks-defied-the-ussr/ http://owni.fr/2011/03/13/how-a-handful-of-geeks-defied-the-ussr/#comments Sun, 13 Mar 2011 22:28:49 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=51217 OWNI is at SXSW ! For the occasion, we offer you some of our articles translated in English. Enjoy ! /-)

USSR, August 19 1991: While Mikhaïl Gorbatchev was on holiday in his datcha located in Crimea, Eight apparatchiks attempted to seize power over the state. Hostile to reforms, the “Gang of Eight” tried to prevent the Perestoika reforms and the loss of their satellite states. These eight orthodox Communists launched an attempted coup d’état by installing themselves as The State Committee of the State of Emergency. After Gobatchev returned he tried to restore order and save face, but it was clear that this episode would eventually lead to his downfall.

In this well documented event, there is an interesting historically episode which is often overlooked. During the two days of the coup the Russian media was shut down, and thus not covering Boris Yeltsin ranting on top of a tank for the crowd, nor the shock of the international community. All channels were blacked-out except for one; Usenet, which is the grandfather of chat-rooms and is capable or surviving without the Internet. For these precious 48 hours, a few dozen individuals contributed to this last means of communication with the outside world.

Information exchange with Helsinki

How did they manage to accomplish this feat? During the time, Relcom (Reliable Communications) was a small independent network which operated without state funding. It’s clients provided their own modems and paid a fee of 20,000 rubles for the service (similar to the current OpenLeaks project). Overall it connected 400 organizations in over 70 Soviet cities, using UNIX and Usenet to exchange information.

Usenet in 1991

In August 1990, Relcom partnered with EUnet, the ancestor of the Internet Service Providers. This small soviet project, rendered viable by Glasnost, was then accessible to the rest of the world. It connected to an office in Helsinkis, which exchanged information once per hour (a similar concept to the FDN project in Egypt). Ironically this initiative was made possible by the Kurchatov Institute of Atomic Energy, a prestigious Russian research program.

Thus the first cyber-activists were able to use this decentralized architecture and Usenet (developed in the USSR in 1982) to circumvent traditional censorship. The results resemble a more primal version of Twitter:

For those who are interested, Yeltsin’s declarations to overthrow Gorbatchev can be read on newsgroup Usenet talk.politics.soviet

<USENET> 11h45 – 3 divisions of the red army have rejoined the Yeltsin camp.
<Scofield> Information confirmed. Source: Radio City News, 15h GMT +3, Helskinki, Finland
<USENET> Posted on news-server@kremvax.hq.demos.su
<USENET> A man has been killed by the military in Riga, the night when Gorbatchev vacated Crimea
<USENET> An arrest warrent has been issued for Boris Yeltsin. It’s the first time. The source is NBC.
<Scofield>  Information service in Finland – sent at 16h: The EU convened for an emergency meeting on Friday. Mitterrand tried to call Gorbatchev several times.
<muts> 200,000 protesters in Leningrad. 400,000 in Chisinau (capital of Moldova)

“They forgot”

Nearly twenty years before the coining of the term “Twitter revolution,” when the web didn’t really exist and the concept of an Internet connection at home was still in its infancy, Usenet was paving the road for the technology we depend on today. Yet with the situation in Egypt, it is hard to ignore the similarities; some users were told not to post information on the current political situation to avoid congesting the network. Polina Antonova, who worked at Relcom at the time, wrote this during the USSR coup d’état:

Don’t worry, we’re OK, though frightened and angry. Moscow is full of tanks and military machines, I hate them. They try to close all mass media, they shutted up CNN an hour ago, Soviet TV transmits opera and old movies. But, thanks Heaven, they don’t consider RELCOM mass media or they simply forgot about it. Now we transmit information enough to put us in prison for the rest of our life :-)

This excerpt, written while the USSR was rapidly dissolving, attests that there is a historical reality to the web being used as a tool in political struggles.

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Photo credits: Relcom archives, Flickr CC iamtheo

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Wordpress: le nouveau Gutenberg http://owni.fr/2010/12/02/wordpress-le-nouveau-gutenberg/ http://owni.fr/2010/12/02/wordpress-le-nouveau-gutenberg/#comments Thu, 02 Dec 2010 10:59:30 +0000 Marion Maneker (TBM) http://owni.fr/?p=20969 Il y a un an, Justin Halpern était un scénariste au chômage qui avait dû retourner vivre chez ses parents, à San Diego. Aujourd’hui, il a 1,4 millions de followers sur Twitter, son livre est en tête du classement des best-sellers du New York Times et il  scénarise une série sur CBS avec William Shatner. Tout ce qu’il a eu besoin de faire, c’est de publier sur Twitter des citations de son père sous le compte Shit My Dad Says.

Wordpress, équivalent de l’imprimerie de Gutenberg

Coucou, c'est moi qui ai inventé WordPress.

La technologie et les médias sociaux sont en train de redéfinir la feuille de route vers le succès éditorial. Et pour chaque Justin Halpern, il y a 10 000 auteurs professionnels qui se demandent comment transformer les blogs, microblogs et fils Twitter en empires médiatiques. Et ce particulièrement en ce moment, alors que les magazines, les journaux et les groupes de médias faiblissent à une vitesse inquiétante. Les blogs, bien sûr, sont le premier refuge pour les auteurs professionnels échappant aux médias traditionnels agonisants et pour les hordes de wanna-be écrivains à la recherche de leur propre voix. Pour tout ceux-là, WordPress.com est devenu l’équivalent au XXIème siècle de l’imprimerie de Gutenberg.

En tant que première plateforme de blogging, WordPress est un outil essentiel dans la transformation des médias. WordPress.com héberge 11 millions de blogs diffusant les enthousiasmes, les opinions et les idées de ses auteurs vers ses 256 millions de visiteurs uniques mensuels. A l’inverse des géants comme Facebook ou Twitter, WordPress n’est pas évalué à plusieurs milliards de dollars par un gang entier d’investisseurs en capital risque. C’est parce que WordPress est en open-source, ce qui signifie que n’importe qui de compétent peut créer le sien. La seule contrainte est de ne pas l’appeler WordPress.

Hello World! Welcome to Automattic

Ça ne veut pas dire que les créateurs de WordPress sont altruistes. Ils gagnent aussi de l’argent. Matt Mullenweg, le jeune homme de 26 ans qui a créé WordPress il y a sept ans après un an chez Cnet, a fondé en 2005 une entreprise, Automattic,en pour vendre des services autour de WordPress. En tant que PDG, Mullenweg a engagé Toni Schneider, un ex-cadre de Yahoo! qui développait le réseau des développeurs du site et était l’ancien PDG de Oddpost, un service de mail payant racheté par Yahoo! pour 30 millions de dollars en 2004. Ensemble, ils ont levé 31millions de dollars auprès d’investisseurs, parmi lesquels le New York Times.

Entreprise rentable, Automattic tourne avec une petite équipe de 60 personnes, pour la plupart des développeurs qui travaillent depuis différents endroits, sur trois continents et sans bureaux communs (vous pouvez voir les noms et leurs localisations ici (anglais). L’entreprise est une entité furtive. Les employés d’Automattic coordonnent leur travail via un chat IRC et se rassemblent régulièrement dans différentes villes du monde entier. Cela pousse Mullenweg sur la route plus de la moitié de l’année, campant dans des chambres d’hôtel avec ses collègues pour travailler en cercle, les ordinateurs portables ouverts.

Cela peut sembler être un modus operandi étrange pour une structure qui supporte l’un des sites d’information les plus fréquentés et les plus exigeants. Mais vous n’avez pas besoin d’être bohème pour apprécier le pouvoir du blogging. CNN, BBC, Time, Fortune, the NFL, CBS Radio, ROsetta Stone, TechCrunch, LinkedIn, Discovery, the SEC et GigaOm le pensent. Ils hébergent tous leurs blogs sur Wordpress.com. Beaucoup d’autres entreprises utilisent également le code en open-source pour faire tourner leurs propres sites hébergés sur leurs propres serveurs.

Une structure flexible et open-source

Dans tous les cas, une partie de l’attrait de l’entreprise pour les grands médias réside dans la mise à disposition pour les grandes structures d’une agilité à petite échelle. “Une chose que nous observons avec nos clients VIP”, nous dit Schneider, “c’est que les grandes organisations regardent ces services au consommateur et disent: on veut ça. On s’en fiche que cela vienne du côté du consommateur”. Ce qu’ils veulent, c’est la capacité de travailler avec le SEO, les applications mobiles et le contenu multimédia inclus dans WordPress.

Schneider croit que l’avantage de WordPress va se multiplier alors que le web s’oriente de plus en plus vers les applications mobiles. “Il y a de plus en plus de gens qui gèrent leurs blogs depuis des appareils mobiles”, explique Schneider. Et les organisations d’info mainstream suivent la tendance aussi, avec de plus en plus d’auteurs rassemblant des informations et les diffusant via des smartphones.

C’est là que WordPress semble attaquer les choses en profondeur. “Si les gens consomment votre contenu à différents endroits”, remarque Schneider, “vous n’avez pas à faire tout le boulot. Si quelqu’un visite votre blog depuis un navigateur Internet, une tablette ou un appareil mobile, nous pouvons nous assurer que votre contenu soit présenté le mieux possible sans que vous deviez revenir en arrière et le modifier. C’est en fait dans notre intérêt qu’il y ait autant d’appareils différents que possible, parce que nous pouvons nous adapter à tous. C’est quelque chose dont nous pouvons nous occuper sous le capot”.

Les projets open-source ne sont pas vraiment des démocraties… ce sont plutôt des méritocraties

Tout est sous le capot parce que Mullenweg gère l’aspect développement comme une bataille en open-source de mots et d’égos.

Il est à la tête d’un consortium de développeurs qui essaient de se surpasser les uns les autres en apportant la meilleure réponse  possible à la multitude des besoins des blogueurs. “Les projets open-source ne sont pas vraiment des démocraties…”, explique Mullenweg qui va passer les prochaines semaines à travailler à Montréal pour pouvoir trainer au festival Jazzfest. “…Ce sont plutôt des méritocraties. Du coup, les gens qui sont les plus passionnés à propos de quelque chose ou le plus capables de faire le boulot tendent à émerger et développent une autorité contextuelle”.

Avec la flexibilité liée au développement open-source, Automattic est libre de fonctionner sous une forme d’organisation différente – quelque chose qui semble un peu trop décontracté et humble pour une entreprise de la Silicon Valley. “Souvent, les gens finissent par nous considérer comme leur hébergeur”, dit Toni Schneider, expliquant la manière dont Automattic fonctionne avec certains de ses gros clients. “Mais parce que c’est open-source, ils peuvent traiter tout cela en interne à n’importe quel moment. Du coup, on dit: si vous voulez être hébergés par nous, vous nous payez. Si vous voulez juste utiliser le logiciel, vous êtes tout seul”.

Alors que la plupart des entreprises s’inquiéteraient de perdre des clients, Schneider est bien plus heureux de garder son équipe petite et rentable: “Nous avons été capable de développer notre business sans avoir à embaucher massivement en amont”. En effet,  les revenus d’Automattic viennent des mises-à-jour, des publicités vendues contre 10% des 256 millions de visiteurs, des services aux entreprises comme l’établissement de partenariats et des services annexes comme des logiciels anti-spam. Les mises-à-jour comptent pour environ 40% du revenu, et les publicités et les services aux entreprises se partagent à parts égales les 60 % restants.

Wordpress transforme les aspirations des auteurs

Mais cela ne veut pas dire que Mullenweg voit ses clients d’entreprises comme ses principaux clients. “Nous voyons vraiment l’auteur et l’écrivain comme notre principal utilisateur”, dit Mullenweg avec le ton d’un idéaliste de 26 ans. “Si nous pouvons créer quelque chose que les gens adorent utiliser pour écrire et composer, vous savez, c’est un acte sacré”.

Fondamentalement, WordPress transforme les aspirations des auteurs. Mullenweg méprise plus ou moins l’idée qu’être auteur est un vrai métier. Pour lui, c’est une vocation. “Tout ça nous ramène à ce qui motive les gens à bloguer. C’est la reconnaissance, l’audience et la joie d’écrire, plus que de la pure monétisation”.

Le fait que tenir un blog soit plus motivé par la passion que par le profit est bien pratique. Car Automattic et tous ses petits génies de l’open-source n’ont pas trouver de modèle économique pour l’industrie du blogging. “Les opportunités de monétisation du blog sont relativement ternes en ce moment” explique Mullenweg. “Vous avez Google AdSense, ou vous pouvez conclure un accord avec Federated Media, si vous êtes vraiment populaire. Si vous voulez faire de l’argent sur AdSense, vous devriez écrire à propos de prêts hypothécaires, du viagra ou de mésothéliome. (anglais) Cela crée une mauvaise forme de motivation.”

Les gens sont récompensés pour leurs blogs, pas forcément sur leurs blogs

Il est petit, il a tout compris

Les blogs, cependant, ne sont constitués de rien d’autre que de passion. Une minorité microscopique, surtout dans le domain

edes technologies, a été capable de transformer ses blogs en de véritables business publicitaires. Mais la plupart des blogueurs se font payer d’une autre façon. “Les gens sont récompensés pour leurs blogs,” dit Mullenweg “pas forcément sur leurs blogs. Les gens commencent à donner des conférences. Ou à trouver du boulot. On voit des éditeurs utiliser le trafic d’un blog comme indicateur d’audience. Ou alors ils ont la satisfaction d’engager la conversation avec un lectorat, ce qui n’est à mon avis pas anodin”.

Vous n’êtes peut-être pas capable de gagner directement de l’argent grâce à votre blog, mais cette pratique peut vous ouvrir des opportunités dans votre domaine. Le micro-blogueur Justin Halpern en est le meilleur exemple. Mullenweg et son équipe de développeurs en sont un autre. WordPress n’essaye pas de faire du profit, mais Automattic, qui aide les entreprises à utiliser tout le potentiel de Wordpress, en fait.

“Si nous pouvons démocratiser la publication,” dit Mullenweg avec son idéalisme affiché, “si nous pouvons faciliter au maximum ces mécanismes de communication et les rendre omniprésents, le monde devient meilleur, et c’est très motivant pour tout le monde”. C’est peut-être le cas si vous pensez que des choses comme “Shit My Dad Says” rendent réellement le monde meilleur.

Et vous avez ici toute l’énigme de l’innovation de Mullenweg. Il a apporté des outils de publication professionnels à des amateurs, mais seulement un sur un million sera capable de faire de l’écriture sa profession.

Billet originellement publié par Marion Maneker sur Goodnight Gutenberg, un blog de The Big Money.

Crédits Photo CC Flickr : Thomas Hawk, Peregrino Will Reign, danpeerflix

Traduction : Martin Untersinger et Guillaume Ledit.

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Le web est mort, vive la quiche lorraine http://owni.fr/2010/10/21/le-web-est-mort-vive-la-quiche-lorraine/ http://owni.fr/2010/10/21/le-web-est-mort-vive-la-quiche-lorraine/#comments Thu, 21 Oct 2010 15:15:04 +0000 Titiou Lecoq http://owni.fr/?p=32770 Depuis quelque temps, on assiste pour mon plus grand bonheur à un retour en grâce des Gifs animés. Comme si l’internet éprouvait le besoin de revenir à ses fondamentaux, à ce qui l’a constitué culturellement – et ce, parce qu’il sent qu’il est en train de mourir. Le retour du gif, c’est le repli vers une valeur-refuge.

Le web est en crise, vive la quiche lorraine.

Comme me l’ont fait remarquer plusieurs commentateurs, je n’ai pas parlé de Cigar Guy. Je sais. J’ai fait exprès. J’ai sciemment décidé d’ignorer un mème plutôt coolos, de le laisser vivre sa vie loin de mon blog. Pourquoi? Parce que Yahoo et Morandini ont tué le web, ce qui, d’ailleurs, n’est pas leur faute mais seulement la suite d’un processus implacablement logique.

Je m’explique. 4 jours après son apparition sur notre petite planète, Cigar guy était en home de Yahoo News. On peut se dire que c’est über-cool, que c’était un mème rigolo et qu’il est miam bon de le partager avec un maximum de gens. On peut. En l’occurrence, ma première réaction n’a pas vraiment été de me féliciter de la démocratisation de la culture web mais plutôt de pousser un long cri d’horreur.  D’abord pour une raison très mochement pragmatique: si Yahoo en a parlé, je vais pas en parler. Si je l’avais fait, je sais, oui je sais à l’avance que des commentateurs m’auraient dit “oh, comme t’es trop à la masse, c’était sur Yahoo y’a deux heures”. Le seul cas où je parle d’un truc déjà sur-médiatisé, c’est si j’ai quelque chose d’autre à en dire. Dans ce cas, il n’est plus question d’être à la pointe, juste d’apporter une analyse perso du phénomène. (Or Cigar Guy, y’avait pas trop d’analyse à en faire. C’était juste un mème photo comme on en voit toutes les semaines, il ne marquait aucun changement, si ce n’est précisément, le fait qu’il ait été en home de Yahoo.

From URL to IRL

Mais cette histoire de Cigar Guy est arrivée la semaine d’une discussion avec Coach kant au web (humour philosophique permettant de souligner la haute tenue intellectuelle de mes échanges avec Coach). On parlait de bienbienbien. Coach me disait qu’il ne voulait plus écrire sur l’interweb, qu’en ce moment, il avait envie de se lancer dans des articles sur la quiche lorraine. Or, la quiche lorraine, c’est typiquement la vie IRL. Que s’est-il passé pour que Coach écrive sur la quiche lorraine, et accessoirement pour que BBB se suicide?

Sur bienbienbien, il y a eu plusieurs problèmes mais je vais me concentrer sur un seul. On ne savait plus de quoi parler. (Ouais, je dis “on” parce que ça explique aussi pourquoi j’ai arrêté de poster dessus). Pour parler web quand on a la réputation que le blog s’était faite, à savoir un genre de défricheur, il fallait être parmi les premiers sinon on encourrait les foudres d’un lectorat de plus en plus exigeant (un problème que j’ai moins ici puisque c’est un blog perso et que je peux aussi bien parler de mes problèmes de cheveux que de mèmes).

Sauf qu’avec Twitter and co, la vitesse de propagation d’une info s’est démultipliée. L’avantage de Twitter, c’est qu’il suffit de poster un lien vers, par exemple, Cigar Guy. Poster un tweet ça prend approximativement 40 secondes. Poster sur un blog, ça demande de rédiger, de faire un petit historique du mème en question, de rajouter quelques blagues. Si j’étais vulgaire, je dirais que c’est éditorialisé. Ca prend beaucoup plus que 40 secondes. Sans oublier que BBB, comme mon blog, ne sont pas monétisés. Ils rapportent pas une thune (chose dont personnellement je me félicite). Donc ça nécessite de travailler ailleurs pour gagner du sou. Donc d’avoir un temps assez limité à consacrer au blog.

(A l’inverse, les mecs de Buzzfeed sont payés. Ils n’ont donc que ça à faire. Pareil chez Yahoo, Lepost, 20minutes ou Morandini.)

Mais bref, j’ai commencé à me dire un truc absolument terrible (et totalement faux), attention, j’ai honte, j’ai pensé “c’était mieux avant”. Genre le web c’était mieux avant. C’était pas plus riche, plus inventif, plus drôle. Non. C’était mieux parce que c’était plus petit, plus lent et plus réduit.

A quoi vous pouvez me répondre:

2004_04_13_blogsmieux(Via Blup)

Et même:

h-20-1750012-1255978919(Via Le Post)

Il y a une part de snobisme évidente dans mes regrets (y a un truc qu’on peut pas me retirer c’est la lucidité). Le snobisme d’avoir eu le sentiment d’appartenir à un petit groupe avec ses propres codes, un groupe auto-suffisant où l’on ricanait des mêmes trucs, entre nous, avec la conviction que très peu de gens pouvaient comprendre la forme et le fond de ce qu’on disait. Ceci étant, tout n’est pas perdu, ma mère m’a dit l’autre jour qu’elle entravait rien à mon blog.

Ok.

Mais le snobisme ne suffit pas à expliquer le fond de mon impression. Il faudrait décrire la caractéristique de ce snobisme. C’était le snobisme des asociaux. Parce qu’à une époque pas si lointaine, être sur Internet, c’était ringard. C’était honteux. Alors que le snobisme naît généralement d’un sentiment de supériorité, là, il partait plutôt de l’inverse, l’impression d’être entre losers.

On était entre gens qui trouvaient que la vie et les gens étaient plus beaux sur internet. Parce qu’on ne parvenait pas à mimer les codes sociaux IRL, ou parce qu’on en avait précisément assez de n’être que dans du mime. Parce qu’à ce moment-là, les gens qui étaient sur Internet passaient leurs soirées chez eux, et qu’à la télé, ils avaient rajouté un deuxième écran.

De la tare sociale à la revendication

Voir Yahoo, Morandini and co s’approprier un web qui était plutôt underground à l’origine (je ne parle pas du web type Mappy, Google, Facebook mais de la culture web type 4chan) crée donc un sentiment de perte d’autant plus fort qu’on pensait avoir enfin trouvé un truc à nous. Y avait les autres gens, l’IRL et nous. Les premiers nous disaient avec une voix où se mêlaient l’effroi, la frayeur et la pitié: “Quoi? Vous êtes devenus amis sur Internet?!” Assumer le nombre d’heures passées devant l’écran, c’était comme l’aveu d’une maladie, une tare terrible. “Tu devrais sortir de chez toi un peu…” Ah bon? Et pourquoi? Pour aller boire de la bière merdique dans une soirée où je parlerai avec personne parce que j’aurais rien à dire et qu’il faudra que je sois ivre morte pour commencer à passer une bonne soirée?

On avait une tare sociale, on l’a transformée en revendication. Et en snobisme.

Et puis, certains ont voulu partager tout ça, en parler, expliquer. Raconter que oui, l’internet inventait des choses, que parfois c’était beau, drôle, touchant, intelligent ou complètement con. Sauf que voilà, comme on l’avait toujours prédit, internet a pris de plus en plus de place dans la société. Et les moindres polémiques Twitter se retrouvent traitées sur le Monde.fr. Bientôt les blagues de 4chan feront la une de Yahoo news. Et la faute à qui? Bah à nous, à moi. Aux poufiasses qui ont ouvert des blogs et commencé à raconter chaque meme, à faire des papiers sur /b/ (attention, NSFW). Je ne nous félicite pas hein. Mais ça ne pouvait pas se passer autrement.

Saturation et écœurement

Il y a plein de conséquences à tout ça. Tenez, le dernier exemple en date c’est la Barbie geek:

barbie-geek

La conséquence positive, c’est que, de toute façon, de plus en plus de gens allaient sur internet, notamment sur Facebook, et oui, il était utile d’expliquer comment ça marchait pour de vrai. Ne pas laisser Envoyé Spécial et toute la télé en position hégémonique pour raconter de la merde sur ce qui se passe sur internet.

Et puis, il y a eu des conséquences négatives (autre billet, un autre jour) mais en résumé:

Les boîtes de com ont bien compris l’intérêt économique et la pub virale est arrivée (enfer et damnation).

Et commence désormais le LOL-politique. Ce truc insupportable qui va nous faire vomir pendant les prochaines présidentielles. On connaissait les “petites phrases”. On va découvrir les “petits tweets”. N’importe quel tweet, ou vidéo à teneur “clash politique”, va devenir un objet médiatique qui se retrouvera 10 minutes après son apparition sur lepost.fr. Ca va créer un effet de saturation et d’écoeurement et on aura envie d’écrire sur la quiche lorraine. (Un autre pilier du web français m’a avoué qu’il envisageait de se reconvertir comme fleuriste.) Donc, la quiche lorraine ou les fleurs.

Mais comme je n’ai pas encore fini ma mutation en vieille conne, le trip c’était-mieux-avant, ça m’a passé assez vite.

D’abord, parce qu’il reste quelque chose d’irréductible. Pourquoi ça c’est drôle, ça ne s’explique pas vraiment:

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Heureusement, y aura toujours des gens que ça ne fait pas rire.

Ensuite, les cercles du web se réorganisent doucement. L’interweb se démocratise à vitesse grand V. Pour le moment, ça brouille certaines frontières. (Et d’ailleurs, dans le fond, mon article sur la cyber-guérilla des hackers, ça traitait aussi un peu de ça. Leur territoire de liberté totale, qu’un certain Thomas More avait appelé Utopia, commence à être colonisé et ils le refusent.) Mais ce n’est qu’un moment. Et ce n’est pas pour rien qu’en ces temps de crise, le gif animé fait son retour.

Le gif sauvera-t-il l’interweb?

Billet originellement publié sur le blog de Titiou Lecoq, Girls and Geeks

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Crédits photo: Montage réalisé à partir de Flickr CC PaRaP, ajmexico

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Google:|| Cours camarade, le vieux monde est derrière toi! http://owni.fr/2010/05/28/google-cours-camarade-le-vieux-monde-est-derriere-toi/ http://owni.fr/2010/05/28/google-cours-camarade-le-vieux-monde-est-derriere-toi/#comments Fri, 28 May 2010 10:21:44 +0000 Alix Delarge http://owni.fr/?p=16794 Google n’est pas seulement devenu en un temps record un mastodonte de l’économie mondiale. Il incarne la troisième révolution industrielle, celle du numérique. Entreprise postmédias, postidéologique et postcapitaliste, Google est le nouveau monde qui remplace l’ancien, non sans débats passionnés. Radioscopie d’un prédateur cool.

Quand avez-vous pour la première fois « googlelisé » le nom de la nouvelle copine de votre ami d’enfance avant de les inviter à dîner tous les deux ? Ou celui de votre nouveau patron pour vous informer de ses antécédents ? Ou encore d’Isabelle Adjani pour vérifier son âge ? Quand avez-vous pour la première fois utilisé Google Earth ? Ouvert un compte gmail ? Souvenez-vous : c’était il n’y a pas si longtemps. Et pourtant une éternité.

En à peine douze ans, Google s’est imposé dans nos vies, notre vocabulaire, nos yeux, nos cerveaux, notre façon de voir le monde. « Le terme “googleliser” est le premier néologisme de l’Histoire à figurer une action et non plus un simple objet », fait remarquer Stéphane Distinguin, qui a présenté La Méthode Google, du journaliste américain Jeff Jarvis. Le Times a parlé, à propos de Google, de « l’entreprise au développement le plus rapide de l’histoire du monde ».

Parce que la révolution Google n’est pas réductible à des chiffres, même vertigineux, il nous faut comprendre en quoi Google clôt une ère et en ouvre une autre. Son modèle économique et son système de valeurs nous en donnent la mesure. Attention néanmoins : le vieux monde n’a pas dit son dernier mot.

Comment Google est devenu multimilliardaire sur des services gratuits

« Organiser toutes les informations à l’échelle mondiale dans le but de les rendre utiles et accessibles à tous »

C’est la mission que s’assigne officiellement, et en toute modestie, Google. Ce que le spécialiste des nouvelles technologies Michael Malone, du Wall Street Journal, traduit en ces termes dans l’excellent documentaire de Gilles Cayatte, Google, la machine à penser : « Voilà un modèle économique génial : fournir un service gratuit et faire payer les annonceurs dans la coulisse. » 97 % des recettes de Google proviennent en effet de la publicité. Une « Contre-enquête » du journal Le Monde, en avril 2010, résume assez bien le procédé : « Le groupe vend des mots-clés aux annonceurs, via un système d’enchères. Si ces mots-clés font l’objet d’une recherche (de la part de l’internaute), leur lien publicitaire apparaît au-dessus ou à droite des résultats “naturels” de la recherche. » Ainsi, Google rassemble des sommes microscopiques multipliées à l’infini, puisque tout mot au monde, et ce dans toutes les langues, est à vendre. Son système de relevé des compteurs est simplissime : l’annonceur en question n’a qu’à se connecter sur AdWords, la régie pub de Google, et s’y enregistrer.

« Google est le plus extraordinaire et fascinant succès de notre époque, tant économique, médiatique que technologique. Le génie technologique s’apparente à de la magie », expliquait David A. Vise, journaliste au Washington Post et coauteur de Google Story en 2006, dans un chat au Journal du Net. À croire que les esprits les plus rationnels ont perdu tout sens critique devant l’extraordinaire réussite de Page et Brin, chapeautés par un CEO senior depuis 2001, Éric Schmidt. Mais pourquoi cette réussite ?

Parce que le potentiel de développement de Google est exponentiel. Selon le principe du redéploiement permanent, du « best effort », Google étend son domaine d’intervention à tous les secteurs. Gratuitement pour les utilisateurs, à peu de frais pour tous ceux qui ont quelque chose à vendre : des billets d’avion, un blog, des recettes de cuisine, etc., et qui ont intérêt à être bien placés en page d’accueil du site. Être bien placé signifie que le mot-clé est traité selon un indice de pertinence, lui-même calculé par PageRank en fonction de ce que l’annonceur paie et de ce que l’internaute tape. Ainsi, saisissez la lettre « a » et vous obtiendrez 13,89 milliards de réponses. Mais la première d’entre elles sur le Web français sera… « De particulier A particulier », obtenue en 0,25 seconde. Ce qui fait dire au très critique Renaud Chareyre, dans son essai Google spleen, que le métier de Google n’est pas l’information, mais la publicité. Ce qui est « sponsorisé » est-il plus pertinent que ce qui est « naturel » ? À dire vrai, tout le monde s’en fout puisque tout le monde y gagne. Nous y reviendrons.

En somme, Google n’a pas inventé une nouvelle manière de communiquer, mais a simplement adapté ses outils aux besoins de communication et d’information de l’homme moderne. C’est peu ou prou ce que répondait Mark Zuckerberg, le jeune fondateur de Facebook, interrogé sur le succès de son réseau social : il suffit d’organiser un besoin qui existe déjà. La révolution ne consiste donc pas en l’invention chimérique d’un homme nouveau :

« Google ne nous traite pas comme une masse, mais a compris que l’économie est une masse de niches – c’est-à-dire que le petit est le nouveau grand. Google ne se considère pas comme un produit. C’est un service, une plate-forme, un outil pour donner des moyens aux autres qui, jusqu’à preuve du contraire, ne connaît pas de limites », analyse Jarvis.

On comprend mieux que Google étende avec un succès égal ses principes aux autres domaines de la communication. Dans le monde horizontal de la conversation planétaire, il suffit de « donner » aux gens les moyens de converser. C’est pourquoi on peut dire avec Michel Serres (notre Grand témoin, p.176) que « le plus ignorant d’entre nous jouit désormais d’un accès assez facile à plus de connaissances que le plus grand savant du monde d’hier ». Voilà ce que devient le monde quand il est livré aux informaticiens ! Surtout quand ceux-ci se piquent de messianisme !

Comment Google invente chaque jour une nouvelle utopie planétaire

Car Google s’affiche comme l’étendard postmoderne de la mondialisation heureuse. En premier lieu dans son image publique et son management, brandis comme les « must have » du nouveau millénaire. Pensez : un Américain pure souche s’allie avec le fils d’un réfugié russe. Pour les deux comparses, la guerre froide est synonyme de paléolithique ! « Larry et Sergey étaient des étudiants de Stanford qui faisaient du roller et mangeaient des pizzas », raconte Marissa Mayer, une des vice-présidentes, dans un sourire ému. Ils inventent ensemble un nom mi-puéril, mi-savant [Nd: Le terme mathématique «gogol» signifie 10 100, soit le chiffre 1 suivi de 100 zéros. Google en est une déformation.] dont ils peinturlurent le logo de couleurs prépubères. Bleu, rouge, jaune, bleu, vert, rouge, en lettres rondes et friendly.

Dans leur premier QG, chacun des 39 salariés orne son bureau d’une lampe à volcan, symbole d’inventivité et de feu d’artifice après chauffage. On travaille sur des tables de ping-pong. Il y règne un « chaos global où plus personne ne sait qui dirige qui ». Au pays de Google, il faut être « curieux, ouvert sur le monde et aimer la technologie ». Les nouveaux « googlers » sont accueillis par les anciens lors des fameux « TGIF » (« Thanks God, It’s Friday »), où ils se doivent d’être drôles, spirituels et, donc, ouverts sur le monde, le tout en arborant des tee-shirts de geek gonflés au niveau de la brioche par des litres de Coca. La fiction Google nous est ainsi présentée sous la forme d’un phalanstère : la cantine est gratuite, les salles de sport aussi, et l’on peut s’adonner à la relaxation tant qu’on veut, puisqu’il n’y a prétendument personne pour vous surveiller. Chez Google, être sympa est un art de vivre.

Pas étonnant quand on sait que les primes versées sont, entre autres, fonction de sa cote de popularité auprès des collègues. Pour ceux qui auraient la velléité de se la jouer selfish, Google a tout prévu : les ingénieurs maison disposent de 20 % de leur temps pour travailler à des « projets perso ». Là réside le fondement philosophique de l’open source : ce qui est à moi est à toi, et vice versa. On a là un bel exemple de syncrétisme, entre la société communiste idéale et le goût de l’effort capitaliste. Peu importe, du moment que l’invention perpétuelle alimente la machine globale. Une fois de plus, tout le monde est supposé être le gagnant de ce jeu collaboratif. Afin d’éviter les dérives (déviances ?), des slogans édifiants sont rédigés à la coule – et au feutre – sur les tableaux :

« Traitez les gens avec respect… Faites un effort pour intégrer les nouveaux… Partagez, soutenez, aidez-vous les uns les autres… Célébrez, partagez joies et succès ensemble… Soyez solidaires… Saluez-vous et communiquez entre vous… Créez des liens avec d’autres équipes… Faites passer les informations sans relâche… Acceptez la pression, utilisez la pression de façon saine… »

C’est donc dans cet univers de Bisounours que se construit peu à peu l’empire Google : la « crème de la crème des universités mondiales » a le sentiment de participer à la plus grande aventure de l’histoire de l’humanité. En toute démocratie : les décisions stratégiques (la présence en Chine, les droits d’auteur) sont censées être débattues comme dans l’agora, car Google est une entreprise dotée d’une conscience. Mais surtout, on sait « rester cool malgré le succès », selon les mots du CEO himself. La « google-itude », ce serait Adam Smith revu et corrigé par Tarantino : une contre-culture branchée fondée sur la liberté, ayant digéré tous les codes de la société postidéologique. Le pari fou de sales gamins assez culottés pour défier Dieu en personne.

Don’t be evil: comment ringardiser Dieu en dix leçons

Oui, Dieu. En proposant plus qu’un slogan, plus qu’une devise. Un commandement, carrément. Stéphane Distinguin en reste bluffé : « Oser dire Don’t be evil est surprenant, démesuré. C’est une ambition de fou. » Et pourtant bien réelle. On a dit que la sentence Don’t be evil (« Ne soyez pas malfaisant ») avait été inventée pour moquer le Microsoft de Bill Gates, accusé par les autorités antitrust d’être « le mal ». Mais au-delà de sa genèse, la formule fait d’abord penser à la croisade de George W. Bush. « Axe du bien » contre « axe du mal », pas sûr que l’analogie plaise à ses concepteurs.

Et pour cause : ne pas être malfaisant signifie davantage que le simple rejet du camp adverse, à supposer qu’il existe dans la vision globale de ces citoyens sans frontières. Il s’agit bien au contraire d’une conception mégalomaniaque du grand dessein auquel se livrent Brin et Page : celui de concurrencer Dieu sur son propre terrain. Tel le roi Nemrod obsédé par la construction de sa tour pour atteindre le ciel, les deux compères ne se sont fixé aucune limite. Ils n’aspirent ni plus ni moins qu’à « changer le monde », le tout en jean-baskets. Le commandement premier Don’t be evil est ainsi accompagné de dix recommandations inscrites au frontispice du Googleplex . Elles dessinent le paysage d’un postcapitalisme mystique dans son idéologie (une nouvelle frontière pour l’humanité) et « tarantinesque » dans sa régurgitation démesurée des codes du passé (« adulescence », jeunes gens décérébrés et gavés de références).

Totalement décomplexés et, il faut bien le dire, un peu ridicules, les deux anciens potes de fac ? Oui. Mais malheur à qui ne les prendrait pas au sérieux. Il faut toujours prendre au sérieux ceux qui construisent des églises. Et qui y parviennent.

La suite de cet article est disponible ici.

Article publié dans le magazine Usbek & Rika, disponible à partir du 3 juin

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Crédit Photo Flickr CC : Manfrys.

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Burt Herman:||“We should apply technology lessons to journalism” http://owni.fr/2010/05/24/burt-herman-we-should-apply-technology-lessons-to-journalism/ http://owni.fr/2010/05/24/burt-herman-we-should-apply-technology-lessons-to-journalism/#comments Mon, 24 May 2010 14:24:11 +0000 Adriano Farano http://owni.fr/?p=16359 Hacks/Hackers’ founder speaks to OWNI about his brainchild, a group that tries to connect journalists and technologists. He talks about the genesis of the initiative during a Knight journalism Fellowship year. He says he is going to turn it into a non-profit organization and, in the same time, he explains he is co-founding a for-profit startup.

Burt Herman (picture by Tony Deifell)

How did you come up with the idea of Hacks and Hackers?

The idea came to me after spending a year as a Knight journalism fellow at Stanford University. Journalism is in a state of upheaval, and we now have an amazing opportunity to reshape how news is gathered and consumed. Everyone can be a reporter when news happens, sending Tweets, and uploading photos and video from smartphones. But journalists are still needed to help make sense of it all, and technology can help them cope with this massive wave of information. Also, computer scientists are learning so much about how people interact with technology, and we should be applying those lessons to journalism.

Why this name?

The name began with “hackers” — I knew I wanted to use that because a true hacker is someone who uses whatever it takes to get the job done. In Silicon Valley, it’s a positive word for a skilled computer developer. I tried to think of a journalism word that would go together with that, and decided on “hack” — which is slang for a journalist in a tongue-in-cheek way. The name Hacks/Hackers embodies the grassroots spirit of the organization.

How did you start?

I created a group on meetup.com and had the first meeting in November at a bar in San Francisco. From there, it grew quickly and we now have more than 600 members spread across the world. We’ve held Hacks/Hackers-related meetings also in Chicago and Washington DC, and the first New York event is set for June 2.

What do you do concretely to pursue your goal to connect geeks and journos?

We’ve held monthly get-togethers that have drawn dozens of people from top technology companies like Google, Yahoo and Twitter, along with local newspapers like the San Francisco Chronicle and San Jose Mercury News, and also technology and journalism startup companies.

This weekend we held our first storytelling/hacking workshop to develop news applications for the iPad and tablet devices. More than 80 people worked in teams and built 12 apps in less than 36 hours. At the end of the event, the teams have presented their work to a panel of judges that includes a venture capitalist, technology entrepreneur and journalists. The winning projects were a children’s news application and a site with news stories about your political representatives based on your location.

I am also turning words into actions and launching my own company relating to journalism and technology, where I am co-founder of a startup together with Xavier Damman, a Belgian developer now living San Francisco. We are working to develop journalism applications and our first product is Publitweet, which takes Twitter and makes it more easily readable for non-Twitter users. The application is already in use on top French-language sites including Le Monde and Liberation, and also Le Soir in Belgium, along with other news sites in the U.S.

We are working on our next generation application that will make it easy for journalists, bloggers and anyone to create stories using content from the social Web. We want to empower journalists so they can concentrate on what they do best, and give them great technology tools and a way to earn a living.

Hacks and Hackers, this week-end

Would you tell us a funny story or an anecdote illustrating the spirit of H/H?

It turned out I wasn’t the first to think of this name. Two leaders in the journalism technology community — Aron Pilhofer of The New York Times and Rich Gordon from Northwestern University’s Medill school of journalism — had also proposed this name for an online community. The coincidence was pointed out by other journalists on Twitter, so we eventually got in touch and decided to join efforts.

The great thing about this community is that everyone wants to help each other. We’ve launched a question-and-answer site at for media technology issues that has been growing quickly. People realize that we can gain much more by working together and learning from each other.

How do you finance H/H?

I’ve been paying for it myself so far, asking for donations at events and finding some sponsors. We’re working now to turn Hacks/Hackers into a non-profit organization, and are looking for sponsors and foundations to support our initiatives to build the future of journalism.

Initiatives like yours are quite rare in Europe where journalism world often looks to be in an ivory tower. Do you think this initiative it’s ‘exportable’ to Europe too?

Yes! We’ve already had interest from people in Europe who have signed up for the group. We would be delighted to expand there and cooperate with local journalists to produce events. I worked around the world as a bureau chief and correspondent for The Associated Press for 12 years, and would be happy to help bring together journalists and technologists everywhere. Journalism and open information are essential for society to function, keeping governments and companies accountable to their citizens.

This interview is also avalaible in french here

Photos CC Flickr by cstmweb


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http://owni.fr/2010/05/24/burt-herman-we-should-apply-technology-lessons-to-journalism/feed/ 10
[b]OWNI V2[/b] [serif] : [/serif] ||On enlève le haut! http://owni.fr/2010/04/23/owni-v2-on-enleve-le-haut/ http://owni.fr/2010/04/23/owni-v2-on-enleve-le-haut/#comments Fri, 23 Apr 2010 09:48:34 +0000 Admin http://owni.fr/?p=13004 990 pixels par 1600 de haut pour l’image de Une.  Ouep. Pas moins. On s’est dit que quitte à prendre vraiment des libertés et à tenter de vous proposer “le site de nos rêves” (et des vôtres) autant ne pas se gêner. Maintenant, à regarder les visages consternés de @Darsksabine et @leGuillaume et le sourire narquois de @Tom_Plays & @Batonboys cela ressemble à la victoire du dev’ et du designer sur ceux qui au quotidien éditent la soucoupe. Ouep. 1600 pixels de haut l’image ! Et vous pouvez même nous proposer des illustrations, photos, dessins !

Espace-temps

On ne va pas faire de roulement de tambour, pas vous en faire des tartines. Prenez le temps de découvrir ce nouvel espace. Le temps de jouer avec “la bulle de mercure” en haut à droite en page d’accueil. Des espaces-temps. Des rythmes distincts. Des moments longs. Des rendez-vous originaux.

Aujourd’hui : La Une, avec “son image qui pette” et ses articles liés, “wired”. Le magazine du jour dure un à plusieurs jours. En fonction du temps que l’on souhaite laisser à cet espace. Et un magazine a une date unique.

-1 / -2 / -3 : Nos précédentes éditions, c’est à dire les derniers magazines réalisés (Une et articles liés). Ouep, ça “claque sa chatte” (crédit @leGuillaume). Une édition correspond à une date et peut couvrir plusieurs jours. Vous suivez ? :)

L’Hebdo : Quels sont les articles qui ont le plus marché cette semaine ? Retrouvez la totalité de la sélection des éditeurs de la soucoupe, dans l’ensemble de l’écosystème d’OWNI. l’Hebdo couvre 7 jours pleins. Les 7 derniers jours. Pas une semaine calendaire, donc. Vous suivez ?

Le Mensuel : Entrez en profondeur, naviguez “en Z” et promenez-vous dans la soucoupe côté jardin. Le mensuel est réalisé a postériori, chaque fin de mois. Le meilleur de chaque mois s’y retrouve posément, pour des lectures au calme, le week-end, sous un tilleul. En Z on vous dit. Vous nous suivez toujours ?

Le reste, tout le reste, la plateforme de blog, la possibilité d’y migrer ou héberger le votre, de vous joindre à l’équipe éditoriale, de proposer des contenus de qualité ou des idées de reportages, enquêtes ou développements, le réseau social (vous avez jetté un œil à la V2 de ce côté-ci ?) – tout ça et plus encore (la linkTV et les navigations typologiques, à découvrir ces prochains jours) – on aura cent fois le temps de s’en reparler.

D’ici-là on débugue le vaisseau-mère et on ré-organise les… Près de 1500 articles !

Nous vous souhaitons beaucoup d’amour, très peu de 404 et de ne jamais fermer le 3° oeil /-)


Les tenanciers.

> Image de Une par helgasms! sur Flickr

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http://owni.fr/2010/04/23/owni-v2-on-enleve-le-haut/feed/ 3
Facebook, ou le crépuscule des geeks http://owni.fr/2010/03/04/facebook-ou-le-crepuscule-des-geeks/ http://owni.fr/2010/03/04/facebook-ou-le-crepuscule-des-geeks/#comments Thu, 04 Mar 2010 19:24:37 +0000 Alexis MONS http://owni.fr/?p=9427 1717899661_524c54bd72_b

Ces dernières semaines, nous avons assisté à un petit événement lourd de significations. En lançant Buzz, Google a surtout laissé à penser que Wave était un flop et Buzz, un recyclage. Buzz a toutes chances d’être aussi un flop, car ce que cette histoire raconte, c’est celle de la fin de la domination de la geekerie, au sens d’une certaine complexité technologique.
La société de l’information n’est plus l’apanage des geeks. Elle s’est sacrément massifiée. Elle est aujourd’hui peuplée de vrais gens, non-technophiles. Même au sein des blogs, les geeks sont devenus une minorité et l’élite blogueuse geint de l’envahissement du péquin moyen et de ses réactions de comptoir. Il va falloir s’y faire.

Oui, les outils de Google sont fantastiques, ils sont modulables et distribués et complexes. Ils correspondent en fait à un public éclairé, ou à des travailleurs de l’information soucieux de leur productivité. Vous me direz que c’est un marché, et c’est vrai, mais ce n’est pas le marché de masse de l’internaute de base, je devrai dire celui de l’outillage digital de Monsieur tout le monde.

Le gagnant de ce marché s’appelle Facebook. Pourquoi ? non pas parce que Facebook développe un rythme de croissance insolent, non pas par sa taille, mais par la position centrale qu’il a acquis dans les usages numériques.
Monsieur tout le monde cherche sur Google tous les jours, a l’email que lui a mis dans les pattes sont fournisseur d’accès et s’est inscrit (ou va s’inscrire) sur Facebook.

J’ai moi-même régulièrement cogné sur Facebook, raillant le caractère “bas niveau” des usages et son côté bon à tout faire et à ne rien faire. Mais c’est une réaction de professionnel soucieux de productivité, pas de dillétante. Aujourd’hui, je dois constater que c’est une force. Facebook est une commodité et du loisir, et il est simple d’emploi.
Ses conversations ne valent peut-être rien, mais elles existent, massivement. Son modèle conversationnel est en phase avec les usages sociaux qui sont la modernité, là où l’email est vieux, trop sérieux, administratif.

Facebook, c’est aussi de l’engagement, assez faible et avec des usages très encadrés, mais c’est de l’engagement quand même, et de l’engagement massif. Facebook est un réseau social, il devient chaque jour un peu plus une plateforme d’engagement. La professionalisation croissante de ses outils marketing en témoigne. Le retour en scène des applications aussi.

Facebook est mainstream. Et ils ne sont pas légions à prétendre l’être. Apple l’est aussi à travers iTunes. Tous les deux ont la qualité d’être très intégré dans la proposition et en même temps très fermé. Cela fait l’objet d’une critique récurrente, émanant des geeks, sauf que cela semble visiblement satisfaire très bien monsieur tout le monde, qui se fiche des APIs et des paillettes.

Je veux évidemment parler de Facebook Connect, qui est selon moi la grande victoire dont Facebook peut s’enorgueillir et qui lui permet de voir loin.

Quand cette technologie, qui permet notamment de se créer un compte à travers son profil Facebook, est sortie, nous étions à la fois excités et perplexes. Excités par l’opportunité simplificatrice que cela représentait. Perplexe car, à l’époque, il n’était pas du tout certain que les gens acceptent ça, qui plus est alors que venaient de se dérouler des révoltes d’utilisateurs par rapport à de changement des règles du jeu de Facebook.

Quelques deux ans plus tard, force est de constater que ça marche magnifiquement bien. Que chaque jour qui passe montre que cette facilité est transformée par des publics tout sauf geeks. Pendant ce temps, OpenSocial, sorti en même temps, n’affiche pas le même succès.

Twitter et Google répondent très bien à ce que les geeks demandent, mais ils ne réussissent pas à se placer au centre. Facebook a gagné la position du compte maître, celle de la clé par laquelle l’utilisateur lambda développe des services et des usages.

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En fait, Google partait de ce bon vieux principe que la base, c’est l’email. Facebook ne s’est pas construit sur la messagerie, mais sur l’outillage réseau personnel, l’outillage proximité pour être plus précis. C’est maintenant qu’il a une base installée d’utilisateur massive, maintenant qu’il capte presque 10% du trafic du web et presque autant de temps que nous le passions devant le 20h au siècle dernier, chaque jour, qu’il va se doter d’une (vraie) messagerie. Un outil périphérique en fait, certainement pour répondre aux attentes d’une population plus âgée et plus sensible à cet outil ancestral.

Facebook n’a pas la prétention d’imposer de la technologie, il apporte simplement, tant pour l’utilisateur que pour la marque, des outils simples pour travailler l’engagement et la connexion au réseau social. Zuckerberg avait fait son deuil de monétiser le social graph, la proximité personnelle. Il a réussi à en faire un terrain de jeu, il réussira peut-être à en faire un terreau de business. D’autant plus qu’il a enfin une machine rentable.

Sans doute que Facebook réussi dans une sorte de nivellement par le bas. Sans doute que c’est faible, pas bidouillable pour un sou, mais ça satisfait très bien monsieur Toutlemonde et madame Michu, tellement plus nombreux …


> Cet article a été initialement publié sur le blog de groupeReflect / Parole d’expert


> Illustration par kk+ et par libraryman
sur Flickr


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NKM fait son coming out pro-Loppsi http://owni.fr/2010/01/14/nkm-fait-son-coming-out-pro-loppsi/ http://owni.fr/2010/01/14/nkm-fait-son-coming-out-pro-loppsi/#comments Thu, 14 Jan 2010 16:47:14 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=6969 Invitée au lancement du Tweest, outil de veille politique, la secrétaire d’Etat à l’économie numérique est sortie de son silence et a déclaré être favorable à la Loppsi, motivant son soutien par un argumentaire sécuritaire sur le web, insistant sur la pédopornographie. Un coup politique pour les régionales qui a déçu les geeks pourtant acquis à sa cause.

Le mercredi 13 janvier restera-t-il dans les mémoires de la blogosphère politique comme « le soir où Nathalie Kosciusko-Morizet a perdu les geeks » ? Organisé par l’agence Netscouade et le site Le Post pour le lancement de leur outil de veille politique sur Twitter, Tweest, le débat d’ouverture de la soirée s’est focalisé sur la secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, éclipsant les cinq autres politiques (dont deux UMP) invités pour l’occasion. Alors qu’elle avait jusqu’ici réservé son avis sur la Loppsi, projet de loi incluant des clauses de surveillance du web très critiquées par les défenseurs des libertés numériques, « NKM » a cette fois-ci répondu positivement quand la question lui a été posée : « bien sûr que je soutiens ce projet de loi. »
Pour défendre sa position, elle a déployé un argumentaire mêlant lutte contre la pédopornographie et sécurité intérieur, assez semblable à celui de ses collègues du gouvernement, Nadine Morano et Michèle Alliot-Marie, qu’elle dénonçait il y a moins d’un an dans une interview à La Tribune. Jetant un froid dans la salle, la secrétaire d’Etat n’a trouvé de contradicteur qu’en la personne de Sandrine Bélier, eurodéputé Europe écologie, soutenant que les risques de la Loppsi en matière de liberté numérique « étaient le vrai débat sur la neutralité d’Internet. »

nkm

Au diapason politique

Sans succès, NKM a tenté de regagner l’audience par un name dropping maladroit à base de « hashtag », « point Godwin » et autres termes geek. Mais son monologue n’a reçu d’applaudissements que pour saluer l’intervention d’un jeune homme dans la salle hurlant : « le point Godwin quand on parle d’Internet, c’est la pédopornographie ! » Sévères sur Twitter, les participants à la soirée ont déploré que « leur » ministre ne soit qu’une « lefebvriste polie », en référence aux tirades paranoïdes du porte-parole de l’UMP au sujet d’Internet. « Nous savions tous qu’elle soutenait tacitement la Loppsi, conclut un blogueur socialiste. Mais de là à la défendre en utilisant 24 fois le mot pédopornographie, c’est décevant ! »
Décevant mais pragmatique : à l’approche d’élections régionales où elle brigue un poste dans l’Essonne, NKM pourrait faire partie des recalés du futur remaniement. Avec des arguments dans la droite ligne de la campagne nationale de l’UMP basée sur la sécurité, elle ne fait que se mettre au diapason politique du moment. Là où elle s’était démarqué en ruant dans les brancards d’une majorité technophobe, Nathalie Kosciusko-Morizet, pour donner un signe de ralliement à Nicolas Sarkozy, abandonne les internautes militants en rase campagne électorale.

» Article initialement publié sur Electron Libre

» Si vous vous posez des questions sur Tweest, quelques explications par Enikao

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Hackers /-) http://owni.fr/2009/11/29/hackers/ http://owni.fr/2009/11/29/hackers/#comments Sun, 29 Nov 2009 19:50:28 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=5789 Hello et bon dimanche !! :-)

Vous l’avez peut-être remarqué, le hacking est à la mode, à mon grand désespoir, alors bon, tant que nous y sommes, je vous propose un petit plongeon dans les scènes cultes de hacking dans l’histoire du cinéma.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au passage, j’ai déniché cette vidéo chez mon psy favori, Yann (et son blog qui est juste génialissime). Il décrit d’ailleurs ces scènes de hacking ainsi :

Comment souvent dans les mondes numériques, il s’agit là de fantasmes archaïques par lesquels l’enfant se représente pénétrant le corps maternel pour le contrôler de l’intérieur ou le détruire.

Bon, je retourne voir “Hacker” (Kéviiiiin <3 !) ;-)

» Article initialement publié sur graphism.fr

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