OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 “Il n’y a pas besoin d’être un banquier pour créer de l’argent” http://owni.fr/2011/06/16/pas-besoin-detre-un-banquier-pour-creer-de-largent/ http://owni.fr/2011/06/16/pas-besoin-detre-un-banquier-pour-creer-de-largent/#comments Thu, 16 Jun 2011 06:26:15 +0000 Stanislas Jourdan http://owni.fr/?p=67963 Bitcoin est une monnaie virtuelle créée en 2009 par Satoshi Nakamoto, un personnage mystérieux dont personne ne connait la véritable identité. Ce dernier, empruntant de vieilles idées issues des années 90, publia un document (pdf) décrivant les caractéristiques d’une monnaie décentralisée. Depuis peu, cette idée est portée par un bon  nombre de geeks pour changer notre système économique. Le blogueur Étienne Hayem (aka @zoupic) nous donne sa vision sur cette monnaie virtuelle à la mode.

Que t’inspire Bitcoin ?

Bitcoin est avant tout une initiative qui fait réfléchir. Comme l’a dit Rick Falkvinge (le fondateur du Parti pirate suédois, ndlr), c’est le Napster de la banque, le phénomène qui va ouvrir le débat sur un sujet qui était jusque-là en marge de la société : « et si c’était possible ? Et si on pouvait refaire la banque ? »

D’où sort Bitcoin ?

C’est apparu en 2009, à l’initiative de Satushi Nakamoto, ce pseudo japonais [personne ne connaît sa véritable identité, ndlr]. Avant lui, plusieurs personnes ont théorisé le concept, de manière prospective, pour essayer d’imaginer à quoi pourrait ressembler une telle monnaie.

Rien n’empêche de penser que l’on puisse créer une monnaie sur Internet dans le cadre d’une communauté, par exemple avec tous les utilisateurs des auberges de jeunesse. Mais ce genre d’initiatives restait connecté à l’économie réelle.

Alors qu’avec Bitcoin, la masse monétaire est complètement déconnectée avec un processus purement algorithmique, sur le modèle de Google. C’était envisageable, mais il fallait quand même le faire !

Donc beaucoup de gens y pensaient ?

Oui, mais c’est une vision qui est, pour moi, assez étriquée de la monnaie. Toute la force déployée pour prouver que c’est viable – ou en tout cas faire croire que c’est viable ou stable – est justifiée par la techno. C’est tout le concept de cryptocurrency : plus il y a d’utilisateurs qui font tourner le logiciel, plus les données sont cryptées, et plus il faut d’ordinateurs hostiles pour faire tomber le système.

C’est comme WikiLeaks, Wikipedia ou même Seti@home qui utilise le CPU (le processeur, ndlr) des gens quand leur ordinateur est en veille pour contribuer à la recherche d’ovnis… Là c’est pareil, on utilise l’ordinateur des gens pour crypter du code au maximum pour que personne ne puisse le casser. Plus il y a d’utilisateurs qui utilisent le logiciel, plus le réseau est complexe, donc sécurisé. Et les gens de Bitcoin disent que cette sécurité crée de la valeur.

« Code is law » en quelque sorte ?

Oui c’est ça ! Mais c’est là où c’est tordu… Car en fait, il n’y a pas besoin que tout soit indéchiffrable pour que ça ait de la valeur ! Dans un Système d’Échange Local (SEL) par exemple, dès que l’on fait un échange et que l’on inscrit cet échange dans une ligne de compte, on admet qu’il y a de la valeur. Il n’y a pas besoin de faire tourner nos ordinateurs des heures et des heures pour protéger cet échange ou cette transaction.

Selon moi, la vraie valeur n’est pas dans le temps de processeur ou dans le fait que le code soit incassable. Cela peut être un choix, mais il y a un côté miroir aux alouettes, car la valeur n’est pas vraiment là.

Est-ce que Bitcoin est alors dangereux ?

Dangereux pour qui ? (sourire) La question n’est pas là : Bitcoin est là, et va certainement rester un bout de temps. Là où je me réjouis, c’est que ce projet va ouvrir la question, lancer le débat. Les gens vont se rendre compte qu’on peut créer de l’argent ! Qu’il n’y a pas besoin d’être un banquier pour créer de la monnaie.

L’argent est un protocole, une écriture, une ligne de compte, la monnaie c’est un accord au sein d’une communauté pour utiliser quelque chose comme moyen d’échange.

Donc dans le cas de Bitcoin, la communauté ce sont les internautes qui téléchargent Bitcoin et y croient. Très bien pour eux !

Charles Ponzi

Par contre, comme Stéphane Laborde l’a montré, là où Bitcoin est dangereux c’est qu’il s’agit d’un schéma de Ponzi ! Et en plus, ses créateurs détournent un peu l’attention : quand on regarde la vidéo de présentation, ça a l’air tout beau : pas de contrôle, pas de taxes etc. Ils attirent les gens en jouant sur leur exaspération et leur envie d’autre chose. Mais ils occultent le problème de la masse monétaire, qui est une question importante.

D’autant que si demain, comme cela se dessine, on aura différentes monnaies, il faudra choisir laquelle m’est utile, quelles sont les forces et faiblesses de chacune. Il faudra que les gens jugent selon des critères.

Quels sont ces critères selon toi ? En quoi Bitcoin ne répond pas à ces critères ?

Pour moi le premier problème de Bitcoin, c’est que la monnaie est rare. La limiter dès maintenant à 21 millions revient à programmer la limitation de la valeur. Et donc si ça prend comme on le voit avec le buzz ces temps-ci, la valeur, qui est rare, ne peut qu’augmenter. On est en plein dans Madoff  : premiers arrivés, premiers servis…

Or pour commencer à participer à l’économie de Bitcoin, il me faut bien des Bitcoins pour acheter quelque chose ! Donc soit je rentre dans le circuit en vendant directement du service, et à ce moment là je suis très malin et je vais gagner mes premiers Bitcoins. Mais sinon je fais comment ? Je m’endette en Bitcoins ?

La monnaie est une proposition de jeu. Avec Bitcoin, on n’est pas dans le Monopoly, mais si tu gagnes au début et que tu as bien compris le fonctionnement, tu t’en sors forcément mieux. J’ai donc l’impression que ce système n’est pas juste pour tous. Mais au moins l’avantage est que les règles sont écrites et lisibles par tous, mais ils mettent tellement en avant le reste que j’ai l’impression qu’ils veulent attirer du monde pour en profiter.

Faut-il interdire Bitcoin, comme le veulent deux sénateurs américains ?

Si quelqu’un veut interdire Bitcoin, c’est que ça touche des intérêts importants, que ça blesse encore une fois là où ça fait mal…

Curieusement, les arguments de ceux qui veulent l’interdire sont les mêmes de ceux qui veulent condamner la neutralité du Net : les pédophiles, les trafiquants de drogue, les joueurs de poker etc. Le diable est partout en fait ! Mais de toute façon ces usages ne représentent pas l’outil en tant que tel.

Pour moi c’est bon signe car ça en fait parler. Car aujourd’hui ce qui est important, c’est que les gens prennent conscience que la monnaie ne doit pas appartenir aux banques privées. C’est une erreur énorme que l’on a faite, et aujourd’hui il faut que cela revienne ou soit partagé entre les citoyens, l’État, et pourquoi pas les entreprises. Il faut libérer la monnaie, les monnaies même !

Ce qui est vraiment bien avec Bitcoin, c’est que ça montre ce qu’il est possible de faire. Donc demain quand la bulle Bitcoin aura éclaté, ceux qui vont se faire arnaquer pourront certes dire : « c’est une arnaque les monnaies machin, il faut les interdire », mais aussi : « et si on reprenait le concept de la monnaie P2P, pour en réécrire le code ? »

Et là, les gens vont commencer à réfléchir au code de la monnaie ! Et pas forcément pour arnaquer les autres, mais pour trouver le code qui permette d’échanger dans le temps, avec les générations futures. Et ainsi définir la monnaie que l’on veut créer. Maintenant que c’est techniquement faisable, il est fort possible que l’on voit un foisonnement d’initiatives.

Et on est pas forcément dans le winner takes all [en], le premier le plus fort qui écrase tous les autres. Si les monnaies sont complémentaires, si elles ont chacune des secteurs bien définis, ce n’est pas impossible de les voir cohabiter.

Mais est-ce que cela ne va pas devenir un peu compliqué au quotidien ?

On aurait dit la même chose des médias il y a trente ans, quand il y avait juste la radio. On écoutait juste une seule voix, alors qu’aujourd’hui on lit dix blogs, la radio, un peu de télé, et un magazine, etc. On ne lit pas tout, mais on choisit les sources qui, en fonction de nos besoins, nous correspondent. Et dans la mesure où c’est aujourd’hui totalement dématérialisable, cela sera d’autant plus facile. Avec ta carte bleue, tu taperas 1 pour payer en euros, 2 pour les Bitcoins, ou 3 pour la monnaie locale du quartier. Une fois que c’est dématérialisé, c’est assez facile.

Le blog d’Étienne Hayem (aka @zoupic)

Photo PaternitéPartage selon les Conditions Initiales Mukumbura ; Wikimédia Paternité epSos.de

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Bitcoin: de la révolution monétaire au Ponzi 2.0 http://owni.fr/2011/06/15/bitcoin-revolution-monetaire-ponzi/ http://owni.fr/2011/06/15/bitcoin-revolution-monetaire-ponzi/#comments Wed, 15 Jun 2011 17:13:16 +0000 Stanislas Jourdan http://owni.fr/?p=67811 Toucher aux règles monétaires n’a rien d’anecdotique. Lorsque nous dépensons, que nous travaillons, tous les jours, ce que nous faisons a un rapport avec la monnaie, sans même que nous y pensions.

Que se passe-t-il alors lorsque des geeks créent une monnaie universelle, décentralisée, sécurisée, anonyme ? Lorsque ceux-ci peuvent faire du commerce en dehors de toute forme de contrôle, qu’il soit bancaire, étatique, ou fiscal ?

En apparence, une révolution. Mais à condition de ne pas reproduire les méfaits que l’on veut combattre.

Qu’est-ce que bitcoin ?

Bitcoin est une monnaie virtuelle créée en 2009 par Satoshi Nakamoto, un personnage mystérieux dont personne ne connait la véritable identité. Ce dernier, empruntant de vieilles idées issues des années 90, publia un document (pdf) décrivant les caractéristiques d’une monnaie décentralisée :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Bitcoin est donc deux choses à la fois : il s’agit tout d’abord d’un outil très basique de gestion de portefeuille, un logiciel open-source que tout le monde peut télécharger et lancer depuis son ordinateur. Mais bitcoin, c’est surtout un protocole d’échange monétaire : en combinant le code de bitcoin et la puissance du réseau P2P, un système monétaire totalement alternatif est ainsi créé.

Un système monétaire sécurisé, anonyme, et pourtant sans banque ni aucune autorité centrale.

Comment ça marche ?

Pour fonctionner, bitcoin a besoin d’une puissance de calcul afin de vérifier et archiver les transactions effectuées. Concrètement, il faut donc que des personnes mettent leur processeur d’ordinateur à disposition du réseau. Pour les inciter à le faire, condition nécessaire au bon fonctionnement du réseau, Satoshi Nakamoto a eu une idée assez originale : rémunérer ces personnes par l’émission de nouveaux bitcoins.

Il suffit de cliquer sur un bouton pour participer au réseau

A chaque fois qu’un pair du réseau résout l’algorithme permettant de boucler un bloc de transactions et ainsi maintenir à jour le registre des transactions, il est crédité de quelques bitcoins, faisant ainsi croître progressivement la masse monétaire, qui atteint aujourd’hui environ 6.540.300 bitcoins.

Mais, de manière assez étrange, Satoshi Nakamoto a programmé bitcoin pour que la masse monétaire tende à une limite de 21 millions de bitcoins d’ici 2030 environ. Du coup, plus le temps passe, plus il devient difficile d’obtenir des bitcoins. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes comme nous allons le voir plus loin.

Chaque participant, en téléchargeant bitcoin sur son ordinateur, peut gérer lui même son dépôt de bitcoins, sans intermédiaire : il est maître de ses données. Le logiciel attribue automatiquement un numéro de compte unique permettant de recevoir des transactions. Tout le monde peut ainsi librement échanger des bitcoins avec d’autres personnes à travers le monde, sans aucune taxe.

A chaque fois qu’une transaction est effectuée, le logiciel notifie les autres nœuds du réseau auxquels il est connecté. Ces nœuds se chargent alors de vérifier que cette transaction n’a été effectuée qu’une seule fois, et tiennent petit à petit à jour un registre, partagé dans le réseau, de toutes les transactions effectuées.

De cette manière, personne ne peut créer de fausse monnaie, ou “multiplier la monnaie” comme le font aujourd’hui les banques lorsqu’elles émettent des crédits. Chaque unité de monnaie n’appartient qu’à une seule personne à la fois.

Aujourd’hui, l’économie des bitcoin représente environ 130 millions de dollars, et les usages sont très divers : de la vente de noms de domaines, de l’hébergement, entre autres… Certains se servent aussi de bitcoin pour éviter les frais de change. WikiLeaks le proposent comme moyens de paiement pour recevoir des dons. De même, le site (illégal) de vente de drogue en ligne Silk Road l’a adopté comme unique moyen de paiement, faisant ainsi bénéficier aux internautes de l’anonymat du système. Ce genre d’usages sert d’ailleurs de prétexte à deux sénateurs américains qui demandent l’interdiction de Bitcoin.

Y-a-t-il une « bulle bitcoin » ?

Comme la convertibilité du bitcoin en plusieurs monnaies étrangères est assurée par des sites comme MtGox.com ou Tradehill.com, certains s’amusent aussi à spéculer sur le cours du bitcoin. En effet, comme la volatilité du bitcoin est très forte depuis les dernières semaines, il est possible de réaliser de très grosses plus-values.

Du coup, un grand débat a lieu ces temps-ci sur Internet pour savoir si le bitcoin est surévalué, s’il y a une bulle spéculative, ou s’il ne s’agit tout simplement pas d’une arnaque.

L’avantage de bitcoin est que le système est totalement transparent : du code source du logiciel que vous installez, au nombre de bitcoin en circulation, toute l’information est disponible.

Contrairement aux monnaies officielles, la confiance n’a pas besoin d’être instaurée par un gouvernement ou une banque centrale : elle émane d’un accord des participants avec les règles qui régissent le système ; code is law, comme on dit chez les geeks. Si des gens utilisent bitcoin aujourd’hui, c’est donc que les règles sont suffisamment claires, acceptées, et que le système est sécurisé pour que la confiance s’établisse.

Que bitcoin fasse l’objet d’une activité spéculative importante est un fait. Mais est-ce que la seule spéculation explique la valeur actuelle du bitcoin ? Certaines raisons tendent à prouver que non :

  • Bitcoin voit le jour dans une période de grands troubles monétaires. Le dollar est sur le point de s’effondrer sous le poids de la dette américaine et de la politique de la FED (la banque centrale américaine), alors que dans le même temps l’euro est sous menace d’un éclatement. Bref, ces monnaies dites de “réserve de valeur” vont très probablement perdre leur valeur dans les prochains mois par la mise en route de la planche à billet, et de l’inflation qui en résultera. Ces monnaies sont actuellement sujette à une grande défiance comme le montre la montée des valeurs refuges telles que l’or et de l’argent.
  • Face à la montée de ce risque, bitcoin se présente non seulement comme une valeur refuge, mais aussi comme un moyen de paiement alternatif. En effet, même si bitcoin n’a pas de valeur sous-jacente (comme autrefois le dollar était rattaché à l’or), il demeure un système monétaire dont la création est strictement contrôlée. Il s’agit donc d’une monnaie rare, certains la comparent même à une matière première virtuelle. Bref, un placement utile en temps de crise.

Pour toutes ces raisons, bitcoin est une monnaie alternative intéressante, et l’engouement qu’il suscite est logique compte tenu du contexte actuel.

Le retour du “Ponzi scheme”

Pourtant, tout n’est pas parfait dans les règles monétaires de bitcoin, et notamment la question de la création monétaire qui agite beaucoup la communauté.

L’idée de Satushio Nakamoto de récompenser ceux qui contribuent à la santé du réseau est d’un coté assez astucieuse : elle incite les premiers early adopters à venir “miner” afin de gagner des bitcoins, et ainsi à contribuer à l’élargissement de la communauté. En effet, plus la communauté grossit, plus il y a de nouveaux biens et services pouvant être échangés. La valeur du bitcoin augmente donc logiquement.

Mais le système est aussi très injuste, car le degré de difficulté du minage est configuré de manière à augmenter progressivement, afin de freiner la croissance de la masse monétaire, limitée à terme à 21 millions d’unités. Du coup, alors que les premiers utilisateurs de bitcoin pouvaient – aux premières heures – empocher jusqu’à 50 bitcoin en une semaine, il faut aujourd’hui quelques semaines pour gagner le moindre bitcoin (et encore, selon la puissance de votre processeur…). Aujourd’hui, la difficulté du mining est telle qu’il est parfois préférable d’acheter directement des bitcoin avec des euros plutôt que de faire chauffer sa bécane des nuits durant. D’autres optent pour des stratégies alternatives en créant des pools de mining (ils mettent en commun les ressources de leurs ordinateurs) , ou insèrent des codes javascript dans leurs pages web afin d’exploiter la puissance de calcul de l’ordinateur de leurs visiteurs, à leur insu.

On constate donc une asymétrie des droits entre les premiers utilisateurs de bitcoin et les nouveaux arrivants qui n’est pas sans rappeler le tristement célèbre schéma de Ponzi, comme l’explique Stéphane Laborde de creationmonetaire.info :

La pyramide bitcoin est uniquement temporelle et non spatiale, puisque dans l’espace, personne n’est privilégié vis à vis de la création monétaire : à un instant t, chaque utilisateur peut générer un bitcoin, où qu’il se trouve.

Mais temporellement, ça ne marche pas parce que la quantité totale de monnaie est limitée. Il arrive un temps t où de même que le pic pétrolier, on arrivera à une expansion maximale. Du coup les derniers entrants, toujours plus nombreux, en réalisant des échanges, verront leurs valeurs ne pas susciter d’échanges plus importants, et gagneront de moins en moins de bitcoin avec des investissements toujours plus lourds.

En fait, les derniers entrants sont floués, parce que la création monétaire ne s’est faite que pour les premiers entrants, n’alimentant le circuit que pour eux.

Que reste-t-il des ruées vers l’or, à part des villes fantômes ?

La révolution inachevée

Bitcoin est à n’en pas douter une prouesse technologique. Et le fait que certains veuillent l’interdire est loin d’être anodin : bitcoin constitue une menace pour le capitalisme financier et les gouvernements. Mais est-ce pour autant une véritable monnaie, telle que définie par Bernard Lietaer à savoir un « un accord au sein d’une communauté pour utiliser quelque chose comme moyen d’échange » ?

Plus qu’une monnaie comme protocole d’échange, Bitcoin tente de ressusciter une sorte d’étalon-or, dont la valeur est garantie par sa rareté. Mais cette rareté a-t-elle un sens dans un monde numérique inondé d’abondance ?


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Retrouvez les autres articles du dossier sur les bulles économiques :

Gaz de schiste, les nouveaux subprimes ?

Grand Paris, énergie, économie… PYRAMIDES DE PONZI !

Une Loguy pour OWNI /-)

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Et si on donnait à l’argent une odeur de sainteté ? http://owni.fr/2010/12/03/definir-dautres-valeurs-avec-des-monnaies-libres/ http://owni.fr/2010/12/03/definir-dautres-valeurs-avec-des-monnaies-libres/#comments Fri, 03 Dec 2010 11:39:38 +0000 Admin http://owni.fr/?p=37877

Billet publié initialement sur OWNIpolitics sous le titre : Les monnaies sociales: et si on arrachait aux banques le privilège de la monnaie ?

La croissance du PIB reflète-elle le bien-être de notre société ? Notre richesse se mesure-t-elle à notre compte en banque ? Fin 2009, une amie nous prête le livre de Patrick Viveret, « Reconsidérer la Richesse », sa Bible nous dit-elle, elle deviendra aussi la notre…

Patrick Viveret critique le PIB, expliquant que cet indicateur est complètement inadapté aux grandes questions sociales et écologiques, voire qu’il est même contreproductif ! Même si la plupart de nos responsables ne se fient qu’à sa croissance, le PIB n’est pas vraiment la meilleure boussole ! Il se moque de la nature et de l’impact des activités qu’il additionne pourvu que celles-ci génèrent des flux monétaires. Il comptabilise positivement toutes les destructions. Aussi aberrant que cela puisse paraître, les catastrophes comme la vache folle, l’Erika ou encore les accidents de la route sont alors de vraies bénédictions pour notre Produit Intérieur Brut !

Une unité de mesure devenu objet de spéculation

Patrick Viveret poursuit sa critique avec le système monétaire.

L’argent est le nerf de la guerre, il régit notre monde! Or le droit de créer de la monnaie a été transféré aux banques à travers l’émission de crédits, sans véritable débat démocratique. Pourquoi une communauté ne pourrait-elle pas produire elle-même l’argent dont elle a besoin ? Après tout, la monnaie n’est qu’un moyen de paiement scellant un « accord » entre 2 parties. C’est une unité de compte qui ne devrait pas avoir de valeur en soi.

Comme les mètres ou les kilos, la monnaie est un étalon qui permet d’additionner des éléments hétérogènes et ainsi multiplier les échanges. Mais au lieu d’être un simple moyen au service de la création de richesses, la monnaie est devenue un bien, un bien privé qui a lui-même de la valeur, objet de compétition, de spéculation, de thésaurisation. Et c’est ainsi qu’on finit par penser que la richesse se mesure à son compte en banque….

Parmi les solutions proposées par Patrick Viveret, les monnaies sociales ! Pour la première fois, nous découvrons cette expression originale qui associe deux termes à priori assez antinomiques.

Les monnaies sociales : point de départ d’une économie de partage

Elles désignent un ensemble de dispositifs d’échange de biens, de services ou de savoirs organisés par et pour de petites communautés au moyen d’une organisation monétaire ad-hoc, une monnaie propre à une communauté.

En d’autres mots, il s’agit d’échanger sans argent conventionnel mais avec une monnaie propre à la communauté. Créer une économie complémentaire, basée sur l’autogestion, le partage et la coopération. C‘est un peu comme du troc, mais en beaucoup mieux.  Avec le troc, si X veut acquérir un DVD auprès de Y, il faut que X ait quelque chose à offrir, d’une valeur équivalente, et qui intéresse Y. Sinon, l’échange ne peut avoir lieu. En créant une monnaie ad hoc, j’échange avec un membre auquel je transmets des unités de compte qu’il pourra utiliser, quand il voudra, pour acquérir ce qu’il aura choisi dans un autre échange.

Les monnaies sociales sont parfois perçues comme une innovation modeste de troc « amélioré ». Nous pensons qu’elles sont un fantastique vecteur de transformation de la société.
Les monnaies sociales permettent de :

  • Transformer la nature des échanges, en récréant le lien social, ciment essentiel d’une communauté.
  • Relocaliser l’économie en développant des sphères locales de production et d’échange de biens et services. La monnaie, n’ayant de valeur qu’au sein d’une certaine communauté, ne fuit pas à l’extérieur.
  • Lutter contre la pauvreté, en fournissant des moyens supplémentaires d’acquisition de biens, capables de multiplier par deux, et parfois par cinq ou dix, le revenu moyen d’une famille.
  • Lutter contre l’exclusion, en insérant les personnes sans emploi dans une logique d’échange mettant en valeur leurs capacités contributives et leur redonnant confiance et espoir.
  • Préserver l’environnement, en privilégiant production et consommation locales, et en valorisant les produits d’occasion.

Les monnaies sociales nous apparaissent comme un levier de transformation incontournable pour favoriser un développement soutenable. Convaincus à 200% par ce formidable outil, nous décidons de quitter nos emplois respectifs et notre vie parisienne pour consacrer nos prochaines années au développement et à la promotion de ces monnaies complémentaires !

Et l’aventure commence …

Dans les mois à venir, les trois trentenaires à l’origine de l’association Taoa (pour There are another alternative, contradiction du slogan néolibéral définitif Tina de Margaret Thatcher) ont pour projet de parcourir plusieurs pays d’Amérique Latine pour y explorer des initiatives de monnaies alternatives : sucre, circuit de troc, etc. Curieux de toutes les initiatives de changement de société, OWNIpolitics publiera (grâce à l’aimable autorisation de l’association) les comptes-rendus de ces explorations monétaires au fil des mois.

Compilation de deux billets initialement publiés sur le site de l’association There are another alternative (Taoa) sous les titres « Reconsidérer la richesse », comment un livre a changé nos vies … et Les monnaies sociales en quelques mots.


Photo : FlickR CC Donovan ; Bill Jacobus.

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