OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Émeutes en Angleterre : comment la BBC s’est pris les pieds dans le droit d’auteur http://owni.fr/2011/08/18/emeutes-en-angleterre-comment-la-bbc-s%e2%80%99est-pris-les-pieds-dans-le-droit-d%e2%80%99auteur/ http://owni.fr/2011/08/18/emeutes-en-angleterre-comment-la-bbc-s%e2%80%99est-pris-les-pieds-dans-le-droit-d%e2%80%99auteur/#comments Thu, 18 Aug 2011 09:44:52 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=76435 Alors que les premières condamnations tombent pour des incitations à la violence lancées depuis les réseaux sociaux lors des émeutes en Angleterre, c’est avec une affaire embarrassante de copyright que la BBC a dû se débattre durant plusieurs jours, suite à la reprise de photographies partagées par des témoins via Twitter.

Le cas est intéressant, car il révèle d’une part les difficultés relatives à la propriété des contenus circulant sur les réseaux sociaux et d’autre part la tension latente entre le respect du droit d’auteur et le droit à l’information.

Gros cafouillage à la BBC sur l'usage des contenus issus des réseaux sociaux, mais il en sort au final une réflexion intéressante sur le droit à l'information. (BBC. Par Kyzola. CC-BY-NC-SA. Source : Flickr)

L’affaire a commencé le 6 août lorsque le blogueur Andy Mabbett a envoyé un mail à la BBC pour faire remarquer que certaines photographies reprises par la chaîne pour couvrir les émeutes à Tottenham [en] avaient été publiées simplement avec la mention « from Twitter », sans créditer les photographes qui les avaient prises et qui pouvaient bénéficier d’un droit d’auteur sur les clichés.

La BBC n’a pas tardé à répondre, mais elle l’a fait d’une manière qui a mis le feu aux poudres, après que Mabbett ait publié la réponse sur son blog [en] :

Twitter is a social network platform which is available to most people who have a computer and therefore any content on it is not subject to the same copyright laws as it is already in the public domain. The BBC is aware of copyright issues and is careful to abide by these laws.

(Je traduis) Twitter est une plateforme de réseau social accessible par la plupart des personnes possédant un ordinateur et de ce fait, tous les contenus qu’elle héberge ne sont pas assujettis aux mêmes lois sur le droit d’auteur, dans la mesure où ils appartiennent déjà au domaine public. La BBC est attentive aux questions de droit d’auteur et prend soin de respecter ces lois.

Les critiques n’ont pas tardé à fuser, car cet argumentaire est plus que fragile. Comme c’est le cas pour tous les contenus postés sur Internet, il n’y a aucune raison que les lois sur le droit d’auteur ne soient pas applicables à Twitter. Le raisonnement avancé par la BBC rappelle en fait celui tenu par l’AFP en 2010 lors de la reprise depuis la plateforme Twitpic de photographies du tremblement de terre à Haïti. Or l’agence de presse a bien été sévèrement condamnée en justice par un tribunal de New York pour violation du droit d’auteur du photographe à l’origine de ces clichés.

Il est vrai que jusqu’en 2009, Twitter incitait ses utilisateurs à placer les contenus partagés dans le domaine public ou sous licence libre :

We encourage users to contribute their creations to the public domain or consider progressive licensing terms.

Mais cette mention a disparu depuis des nouvelles conditions d’utilisation du service (j’en avais parlé ici). En revanche, Twitter reconnaît explicitement que les contenus postés par les utilisateurs peuvent être couverts par des droits, y compris en ce qui concerne les photos :

Vos droits

L’utilisateur conserve ses droits sur tout Contenu qu’il soumet, publie ou affiche sur ou par l’intermédiaire des Services [...] Twitter a un ensemble évolutif de règles [en] définissant la manière dont les développeurs API peuvent interagir avec votre contenu. Ces règles existent pour permettre un écosystème ouvert tout en protégeant vos droits. Ce qui vous appartient vous revient — vous êtes propriétaire de votre Contenu (et vos photos font partie de ce Contenu).

La réponse de la BBC n’était donc pas tenable, d’autant plus qu’elle était en contradiction avec la politique officielle de la chaîne en matière d’usage des réseaux sociaux [en]. Pour sortir de cet imbroglio, la BBC a été contrainte [en] de démentir et de s’excuser auprès d’Andy Mabbett, puis de poster un billet sur son blog [en], par l’intermédiaire de son social media editor, Chris Hamilton.

Cette photographie tirée de Flickr est réutilisable, mais c'est parce qu'elle a été placée par son auteur sous licence Creative Commons. Une piste d'ailleurs trop peu exploitée par les organes de presse. (Tottenham Riots. Par Beacon Radio. CC-BY-NC)

Cette clarification est intéressante, car tout en reconnaissant l’importance du respect du droit d’auteur, elle affirme néanmoins qu’au nom du droit à l’information et dans l’intérêt du public, la BBC est parfois prête à assumer le risque d’une violation du copyright pour délivrer une information (je traduis à nouveau) :

En matière d’autorisation et d’attribution, nous déployons les meilleurs efforts pour contacter les personnes qui ont pris les photos que nous voulons réutiliser dans nos reportages, afin d’obtenir au préalable leur permission.

Cependant, dans certaines situations exceptionnelles, quand il y a un intérêt public fort (strong public interest), notamment en présence d’une information nécessaire pour couvrir un évènement majeur comme les récents attentats en Norvège ou les émeutes en Angleterre, nous pouvons décider d’utiliser une photo avant d’avoir résolu les questions juridiques.

Nous ne prenons pas cette décision à la légère – un de nos directeurs de rédaction doit estimer s’il existe un intérêt public à ce que la photographie soit largement diffusée.

En matière d’attribution, nous nous efforçons toujours de créditer le titulaire de droit lorsque nous réutilisons une photographie dans le cadre de la production d’informations de la BBC.

Mais parfois, dans les cas exceptionnels dont nous venons de parler, il arrive qu’il soit impossible de contacter la personne en question, ou qu’elle-même ne veuille pas être contactée, ou que nous considérions que la contacter comporte trop de dangers – une question qui s’est posée lorsque nous avons couvert les évènements du Printemps arabe.

L’argumentaire est ici beaucoup plus convaincant, car il montre comment le régime de l’autorisation préalable, imposé en principe par le droit d’auteur, peut entrer en conflit avec la mission des organes de presse et le droit à l’information du public. Dans le cas où il est impossible ou problématique d’obtenir l’autorisation d’utiliser une photo, la déontologie du journalisme peut commander de passer outre et de poster le cliché en connaissance de cause.

Il faut en effet noter que les organes de presse ne disposent pas vraiment d’exceptions leur permettant de réutiliser des images pour rendre compte des évènements. En France, il existe une exception pour les revues de presse, permettant aux journalistes de compiler des articles de différents journaux autour d’un sujet donné, mais elle n’est pas applicable à ce cas. On trouve également depuis 2006 une exception permettant de reproduire et de représenter une oeuvre d’art à des fins d’information immédiate (indispensable pour que les journalistes puissent couvrir les expositions). Les analyses et courtes citations peuvent quant à elles être justifiées par un but d’information, mais les juges estiment que la courte citation n’est pas applicable en matière d’images.

Il existe donc un déséquilibre dans nos lois, qui placent le droit d’auteur au-dessus du droit à l’information, alors qu’il s’agit de deux droits fondamentaux d’égale valeur, ce qui complique fatalement la tâche des journalistes. Théoriquement, l’information brute reste de libre parcours et ne peut être appropriée, mais en matière de photographies, les choses sont plus complexes, car il est impossible d’extraire l’information sans montrer l’oeuvre qui la véhicule, sauf à prouver que le cliché n’est pas original (ce qui peut être le cas pour des photos prises sur le vif d’un évènement par des témoins, mais reste difficile à prouver au cas par cas).

La polémique soulevée par la BBC trouve son écho en France dans le débat actuel autour de la pratique du D.R. (Mention « Droits Réservés », sans valeur juridique, utilisé par la presse pour reprendre des photographies, d’une manière parfois abusive). Les protestations des photographes avaient même donné lieu l’an dernier à l’introduction d’une proposition de loi au Sénat sur les oeuvres orphelines et la question a de nouveau resurgi lors des dernières rencontres d’Arles.

De mon point de vue, j’approuve la position finale de la BBC, dans la mesure où elle est porteuse d’une vision plus équilibrée des rapports entre droit d’auteur et droit à l’information. J’ai déjà eu l’occasion de plaider pour un rééquilibrage de notre hiérarchie des droits fondamentaux.

Mais il me semble que d’autres pistes pourraient être explorées par les médias dans leur usage des réseaux sociaux, notamment en direction des licences libres. A cet égard, il est très intéressant d’observer comment la chaîne Al Jazeera utilise les licences Creative Commons pour faire émerger un nouvel écosystème de circulation de l’information encapsulée dans les images.

Billet initialement publié sur :: S.I.Lex ::
]]>
http://owni.fr/2011/08/18/emeutes-en-angleterre-comment-la-bbc-s%e2%80%99est-pris-les-pieds-dans-le-droit-d%e2%80%99auteur/feed/ 7
Émeutes de Londres: “ces jeunes savent qu’ils n’ont pas d’avenir” http://owni.fr/2011/08/11/emeutes-londres-temoignage/ http://owni.fr/2011/08/11/emeutes-londres-temoignage/#comments Thu, 11 Aug 2011 06:32:45 +0000 Jason Paul Grant http://owni.fr/?p=75925 MAJ: Retrouvez la vidéo, sous-titrée en français, de Darcus Howe interrogé par la BBC.


Ça ressemble à une scène de film d’horreur. Des jeunes en nombre envahissent les rues. Pillent, saccagent et détruisent Londres. La police, dépassée, tente de protéger les centres commerciaux alors que les jeunes continuent de faire ce qu’ils veulent.

La question est : pourquoi ? Pourquoi font-ils cela ? Que faire pour les arrêter ? Je ne pense pas vraiment qu’on veuille les arrêter, sinon nous serions déjà en train de leur parler. Où ces jeunes dorment-ils ? Où sont leurs parents ? Ils doivent bien dormir quelque part, ils viennent de quelque part… Au lieu de les laisser dormir nous devrions les réveiller dès maintenant pour qu’ils répondent à nos questions.

Qu’ai-je à apporter au débat ? Pour être clair, j’ai grandi dans un quartier pauvre de Londres, un endroit qui n’a pas été détruit par les jeunes parce qu’il n’y a rien à endommager, et ce malgré les 50 millions de livres investies en 2001 qui n’ont pas été dépensées pour quoi que ce soit d’utile dans le quartier. Est ce que l’argent promis par le Labour mais jamais investi correctement fait partie du problème ?

Lorsque j’ai grandi dans ce quartier, la criminalité était élevée, les adultes qui m’entouraient n’avaient pas de travail, je ne m’en rendais pas compte à l’époque mais la zone rassemblait des immigrés du monde entier. À l’école, nos professeurs essayaient de créer un endroit sûr où jouer mais étudier devient difficile lorsqu’on rentre chez soi et qu’il n’y a pas à manger. Pour l’anecdote, mon école primaire a pris feu il y a plus d’un an et aucune réparation n’a été entreprise depuis. Cela donne une idée de la façon dont les résidents de New Cross sont considérés.

aylesbury

Agir ou subir

Pour en revenir à mon histoire, lorsque j’étais adolescent, les gangs dominaient la rue. Celui qui n’était pas membre d’un gang se faisait voler, battre et était considéré comme un idiot. La situation se résumait à « agis ou subis ». Les adultes étaient occupés à leurs basses besognes, entraient et sortaient de prison ou d’hôpital psychiatrique, ou planaient sous les effets de la drogue et de l’alcool. Les jeunes grandissaient très vite dans le sud de Londres.

Mon histoire a commencé dans les années 1980 mais en 2010, trente ans plus tard, rien n’a changé. D’un côté, j’ai réussi à briser le cycle de la pauvreté et de l’isolement grâce à l’éducation. J’ai rencontré un professeur originaire du Pérou qui m’a encouragé à poursuivre mes études ce qui m’a mené à une licence puis à un master. J’ai parcouru le Royaume-Uni et j’ai voyagé dans la plupart des pays européens. J’ai travaillé pour certaines des compagnies parmi les meilleures du pays et j’ai vu comment l’autre moitié de la population vit.

C’était le vilain secret que nous ne voulions pas admettre. Je me souviens de Ken Livingstone, alors maire de Londres, célébrant la City qui avait transformé le centre d’affaires en havre fiscal. Certains gagnent encore des sommes d’argent phénoménales dont les habitants pauvres de la ville ne voient pas la couleur.

Les cercles que je fréquente aujourd’hui sont très éloignés de l’autre réalité. Ça n’est donc pas une surprise que nous n’ayons jamais prévu ce qui arrive aujourd’hui ou que nous ne comprenions pas pourquoi cela arrive. Je n’ai jamais voulu m’étendre sur ce sujet mais on m’a contacté pour me demander des informations, pour s’inquiéter de ma sécurité et de la façon dont Londres va gérer ce problème.

Quand la Norvège a connu une violente tragédie, le Premier ministre a appelé à « plus de démocratie, plus d’ouverture et plus de vie sociale » – je ne peux que craindre ce que Cameron va dire au sujet des émeutes.

Des centaines de jeunes, pas un policier en vue

Hier soir j’étais dans un pub du haut Islington avec un ancien camarade de la City University of London qui émigre en Jamaïque. La clientèle était composée de personnes civilisées qui travaillent dans les médias et parlent des émeutes de manière voyeuriste. Regardez ce que font ces jeunes, ils volent des télés.

J’aurais aussi bien pu me trouver en Australie ; j’étais tellement éloigné des événements se déroulant à Londres cette même nuit. J’ai ensuite rejoint le sud de Londres à vélo et je n’ai croisé aucune agitation sur mon chemin. En traversant Islington, Angel, Farrington, St Paul et le London Bridge, les rues étaient désertes. Aucun jeune en vue.

C’est quand je suis arrivé sur Old Kent Road que le film a commencé. Il y avait littéralement des centaines de jeunes en survet’ courant dans tous les sens, à chaque coin de rue des gens se rassemblaient. Les jeunes avaient pris le contrôle sans que personne ne les arrête et ne leur dise de rentrer chez eux.

Pour ceux qui ne connaissent pas Old Kent Road, il s’agit d’une zone très démunie où se trouvent les logements sociaux d’Aylesbury. Tony Blair y avait investi des millions mais les nouvelles autorités ont décidé de les démolir. Nous laissons tomber ces enfants. Il y avait un rassemblement de musulmans, qui venaient probablement de rompre le jeûne. Et deux cafés, l’un rempli de Somaliens, et l’autre de Maghrébins. Ces groupes d’hommes étaient heureux de se retrouver et ne prêtaient aucune attention aux jeunes. Il n’y avait pas un policier en vue.

émeutes

Alors que je me dirigeais vers New Cross, j’ai trouvé la police. Trois fourgons arrêtés pour interpeller un jeune. Cela paraissait vraiment étrange et je voulais leur dire que la route derrière moi était remplie de jeunes qui erraient dans les rues. J’ai poursuivi mon chemin, ne voulant pas m’impliquer.

J’ai traversé New Cross mais je voulais voir d’autres quartiers. J’ai donc poursuivi ma route jusqu’à Lewisham. Tout était désert le long du chemin. Tous les magasins étaient fermés alors qu’il n’était que 23 heures un soir de semaine. Quand je suis arrivé au centre de Lewisham, la police faisait son travail. Elle avait bouclé l’accès à tout le centre commercial, empêchant les gens de passer. J’ai continué mon chemin jusqu’à Catford et là encore, la police protégeait le centre commercial.

J’ai décidé de rentrer chez moi. Quand je suis arrivé mon portable était rempli de messages, d’e-mails et d’appels en absence. Ma batterie était à plat et mes proches désespéraient d’avoir de mes nouvelles. Ils étaient abreuvés d’émeutes à la télé.

Cela fait trop longtemps que nous méprisons ces jeunes

Pour être totalement honnête, c’est la première fois de ma vie que je vois une chose pareille. Les jeunes sont complètement perturbés et il n’y a pas d’explication rationnelle pour un tel niveau de violence. Le problème est qu’ils ne sont pas rationnels. Ils ne sont pas des gens éduqués qui pensent pouvoir dominer le monde. Ces jeunes ont vu leurs parents lutter et savent qu’ils n’ont pas d’avenir.

Je me souviens avoir travaillé pour un centre éducatif pour jeunes exclus du système scolaire traditionnel. Lors de mon premier jour je leur ai demandé ce qu’ils voulaient faire plus tard. La première réponse était dealer. Choqué, j’ai continué en leur demandant s’ils importeraient de la drogue de Colombie ou d’Afghanistan. Ils n’avaient jamais entendu parler de ces pays et voulaient vendre des petits sachets dans leur quartier. C’était comme ça qu’ils voyaient les adultes gagner de l’argent. J’ai alors suggéré qu’ils pourraient travailler dans la City, où des gens gagnent énormément d’argent. Personne ne lance de défi à ces jeunes ou ne leur permet de voir une autre réalité.

Cela fait trop longtemps que nous – la société – méprisons ces jeunes. Nous n’avons jamais voulu les prendre dans nos bras. Nous les avons diabolisés, exclus du système scolaire, laissés au chômage. Nous les avons enfermés puis libérés juste pour voir la même situation se répéter.

Je pense que les gens qui sont employés à s’occuper de ces jeunes devraient démissionner et permettre à ceux d’entre nous qui s’inquiètent vraiment de leur avenir de les changer. Les gens peuvent changer, et si nous n’y croyons pas alors nous avons un problème.

Je connais beaucoup de projets pour les jeunes et d’organisations très investies dans leur travail qui luttent pour avoir des fonds et doivent compter sur des volontaires pour être sur le front. Alors même que les élus touchent des salaires exorbitants et que les fonds investis ne sont pas dépensés correctement.

Je pourrais continuer mais je préfère m’arrêter. Allons nous réagir et être plus attentif ? Alors que nous nettoyons les rues de Londres demandons nous pourquoi ils agissent ainsi. La catastrophe est imminente. Que va-t-il se passer ce soir ? Quel sera notre futur ?

Darcus Howe, écrivain et journaliste, semble partager certaines des interrogations développées par Jason Paul Grant. La BBC a présenté ses excuses à l’auteur suite à l’interview.


Billet initialement publié en anglais sur le blog de Jason Paul Grant sous le titre “Attack of the Hoodies”

Traduction : Marie Telling

Illustrations FilckR CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par paul adrian PaternitéPas d'utilisation commerciale par Beacon Radio PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par J@ck!

]]>
http://owni.fr/2011/08/11/emeutes-londres-temoignage/feed/ 28